FRONTIÈRE ET RÉSISTANCES EN PÉNINSULE IBÉRIQUE (Espagne-Portugal)
La frontière luso-espagnole et les oppositions anti-salazariste et anti-franquiste:
Résistances, réseaux et solidarités (1926-1950)
Paris, 4 décembre 2015

Journée d’études organisée dans le cadre du projet UPL « Les espaces-temps de la contestation en Péninsule Ibérique »

Appel à communication

Si la frontière en tant que ligne séparatrice entre deux Etats souverains présuppose l’existence d’une zone de contact entre eux, et par conséquent des populations vivant en bordure, elle renvoie également à la relation centre/périphérie, dans laquelle cette dernière surgit comme force centrifuge par rapport au centre, et dont le résultat inévitable de la distance géographique est la distension des liens de contrôle de l’Etat. Les opposition ibériques voient ainsi dans la zone frontalière, c’est-à-dire le territoire qui se place en bordure de la ligne de démarcation et dont l’étendue peut être plus au moins vaste, un espace d’action où elles peuvent mettre à profit la solidarité des populations et les réseaux pré-existants, une surveillance policière plus lâche, et des connivences politiques ou même étatiques. Soutien dépendant des dynamiques locales et de l’évolution de l’histoire interne de l’Espagne et du Portugal.

Les convulsions du XXe siècle portugais ont jeté sur le sol espagnol plusieurs vagues d’exil successives, d’abord monarchistes, ensuite républicaines. La Galice devient après l’instauration de la République portugaise, en 1910, une base-arrière des défenseurs du régime royaliste, où se préparent et d’où partiront les incursions 1911, 1912 et 1919. Peu après, la dictature de Primo de Rivera conduit au Portugal les opposants espagnols, républicains et anarchistes. La frontière  luso-espagnole devient une zone de refuge et de protection, qui ne cessera désormais d’être transposée en fonction des événements internes. Dès février 1927 et jusqu’à la guerre civile espagnole, l’opposition portugaise (républicains, anarchistes et communistes) se réfugie en Espagne et s’établit en zone frontalière au rythme des révoltes fomentées contre la dictature militaire d’abord et l’Estado Novo ensuite et de leur échec. La frontière luso-espagnole devient une nouvelle fois la base-arrière de la résistance portugaise, en particulier après avril 1931. L’évolution de la politique interne espagnole fait du Portugal une terre d’accueil de la droite mécontente, qui s’organisera au Portugal pour renverser la IIe République. Avec la guerre d’Espagne, et la rapide chute de la frontière luso-espagnole aux mains des nationalistes, et postérieurement la victoire franquiste, la résistance en zone frontalière est contrainte à s’adapter à une nouvelle réalité, celle de l’existence simultanée d’un régime de dictature en Espagne et au Portugal. Les oppositions ibériques sont alors contraintes à s’adapter à cette nouvelle réalité et en zone frontalière, la résistance reposera davantage sur la solidarité des populations transfrontalières.
Cependant, l’importance assumée par la région frontalière dans la survie des oppositions ibériques présente un décalage chronologique. Pour l’opposition portugaise, la frontière représente une zone de repli et une base-arrière d’action jusqu’en août de 1936, après quoi s’opère un déplacement vers l’intérieur du pays d’autant plus que les communications avec l’extérieur se font désormais par la voie maritime. En revanche, c’est avec la conquête par les nationalistes des régions frontalières avec le Portugal et la victoire de Franco en 1939 que cette frontière entre dans l’histoire de la résistance espagnole, notamment avec l’action des guérillas en Galice. Par la suite, la zone frontalière devient moins présente dans les stratégies de lutte des oppositions espagnole et portugaise, mais elle ne jouera pas moins un rôle dans la résistance aux deux dictatures ibériques.
   
La journée d’études se propose de réfléchir sur le rôle de la frontière dans la structuration des oppositions portugaise et espagnole et la place que la région frontalière a joué dans la résistance à Salazar et à Franco, tant à partir de l’espace espagnol que du territoire portugais. La résistance à la dictature assumant des formes multiples (armée, passive…), elle se traduit par des actions individuelles ou collectives et se croise avec des  logiques locales, des réseaux familiaux ou villageois, qu’il importante de relever et d’étudier dans une approche multidisciplinaire.
Envoyer les propositions avant le 30 juin 2015 (titre et résumé de 300 mots env.) à Cristina Climaco: cristina.climaco@orange.fr